La disparition nourrie de noir désir
Par Jean-Louis Roux, 2013 (extrait)

"Ils disparaissent", annonce l'artiste. La vérité, c'est qu'ils ont sans doute déjà tous disparu...

Les personnes qui sont sur ces dessins ont existé, c'est avéré, puisqu'elles ont posé pour des photographies. Ce sont les négatifs sur plaque de verre de ces photographies, que Sylvie Sauvageon a dessiné sur le papier. Les visages, les mains sont noirs, tandis que les vêtements sont clairs, parfois carrément blancs. Ces personnes ont posé devant l'objectif de la chambre photographique du grand-père de la dessinatrice. Oui, sans doute sont-ils tous morts, et ces visages charbonneux ajoutent-ils au sentiment de la disparition. Quant aux crayonnages - appuyés insistants, presque rageurs - ils provoquent une irisation, qui rappelle les brillances métalliques des premiers tirages argentiques ; et suscitent sur le dessin, un dessin second, un dessin fantôme. C'est à dire que tout cela parle d'avant. (...)