Françoise Vergier
Updated — 20/07/2022

J'ai fait une dizaine de séjours

J'ai fait une dizaine de séjours, entre 1999 et 2003 au Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques à Marseille. Françoise Guichon, la directrice du centre de l'époque m'a invitée à venir "toucher" à ce matériau qui m'était inconnu. L'atelier, des techniciens et un souffleur de verre, ont été à mon écoute et à ma disposition. Une quarantaine d'œuvres ont été exécutées.

Les titres des œuvres de cette série utilisent la conjugaison au présent de différents verbes qui évoquent une position d'appartenance responsable et active du corps conscient : "Tu guéris", "Tu protèges", "Tu transformes", "Tu fais", "Tu retardes"... Ces objets-sculptures sont des talismans pour la terre. Ils sont censés la protéger. Ils doivent dégager une force contenue, sévère et autoritaire.
 
Les pièces sont souvent composées de deux parties : l'une en verre soufflé peint, en forme de cloche et fabriqué suivant la technique du Graal. Il s'agit d'abord de peindre sur un œuf de verre de 12 cm environ et qui sera, une fois peint, placé au bout de la canne et recouvert par 1 ou 2 couches de verre. La peinture sur l'œuf va subir des déformations, car la forme finie est parfois 4 ou 5 fois plus grande que lui. Lorsqu'on connaît cette technique, on peut jouer sur la couleur du verre, l'opacité ou la transparence de la peinture, les vides, les pleins... et maîtriser plus ou moins l'aléatoire des déformations, les traits devenant écumes, brouillards. L'autre partie est une céramique émaillée peinte qui sera placée sous la forme de verre soufflé. L'ensemble est posé sur un socle en bois et se "conjugue".
Le jeu des 2 formes crée une peinture de paysage en volume : un espace qui rend tactile et visuel notre globe terrestre. Une noce du ciel et de la terre, dans la Chine ancienne, on appelait "Jeux de la pluie et des nuages", les plaisirs de l'amour. C'est un paysage matriciel aussi.

© Adagp, Paris