Bruno Carbonnet
Dossier mis à jour — 11/09/2020

Recoupements

Recoupements, 2018
Phrases de livre sur image marouflée. Couper, monter, détourer. Recoupements. Feuilles de papier Hanji rongées par des vers. Heojaebi gut. Relire, relier par fragments. Continuer d'écrire avec des images. Toujours dépeindre.

Porte Chaman (détail), 2018
Encres pigmentaires, marouflage sur toile, 61 x 46 cm
Cuisine ponts (détail), 2018
Encres pigmentaires, marouflage sur toile, 61 x 46 cm
Recoupements, 2018
Carte invitation
Marée basse, 2018
Papier Hanji, encres pigmentaires, marouflage sur toile, 32,5 x 23,5 cm
Murs Mots, 2018
Encres pigmentaires, marouflage sur toile, 61 x 46 cm
Recoupements, 2018
Vue d'exposition, Galerie Hervé Bize, Nancy
Fragments, 2018
Pages imprimées, planche contact argentique, marouflées sur carton, 20 x 15 cm
Porte soie (détail), 2018
Encres pigmentaires, marouflages sur toile, 61 x 46 cm
Revue Diorama N°1, 2018
Texte, decorated underglaze, fleurs de cerisier, 128 pages, 36 x 26 cm

● Texte Rama de Bruno Carbonnet, in Revue Diorama n°1, 2018

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Froidorama, Froitorama, Santérama, Soupeaurama...

Balzac fait parler le "Rama" aux pensionnaires de la pension Vauquer, "pension bourgeoise des deux sexes et autres", selon l'inscription de sa porte d'entrée. Le tout est relaté dans le "Père Goriot" : "... -- Ah ! Ah ! Voici une fameuse soupeaurama, dit Poiret en voyant Christophe qui entrait en tenant respectueusement le potage. -- Pardonnez-moi, monsieur, dit madame Vauquer, c'est une soupe aux choux. Tous les jeunes gens éclatèrent de rire."

Les illusions d'optiques des panoramas captivèrent les promeneurs des passages et des rotondes, dans les capitales du début à la fin XIXe siècle. Mais surtout elles réconfortaient les habitants de ces grandes villes par une position retrouvée de domination sur un espace stable, un lieu fixe, un pays sage de toile. Ce brevet d'un dispositif de vision de toile peinte à 360 degrés à l'intérieur d'un bâtiment circulaire avec lumière zénithale était une tentative de maîtrise statique par immersion. Le peintre Robert Barker eut son illumination un jour assis dans une cellule de prison, il déposa le brevet "nature à coup d'œil" en 1787. Panorama : peinture fixe et silencieuse opposée aux perturbations optiques et sonores inaugurées par les nouvelles cités naissantes. Panorama, diorama, polyorama panoptique... Ces préfigurations du cinéma donnèrent ensuite du vitarama, du cinérama avec trois projecteurs, écran XL, stéréo, puis des salles kinopanorama tendance zakouskis en post guerre froide. Un goût de refuge avec images mobiles.

Maintenant où sont passés les "Rama" ? Vers chez Casto & Confo ? La "Rama" story finie ?

À la lecture de l'épisode de la pension Vauquer, je me suis toujours demandé à quoi pouvait ressembler une "SoupeauRama" ?... À une longue remontée dans le sens sud nord, autoroute A7, au travers d'un pare brise pluvieux avec radio Nostalgie... À une affiche de publicité politique de 1981, Mitterrand Président. Une rime de France profonde en format panoramique avec un clocher trop clérical effacé par retouche photo... À une image d'emballage de plaquette de beurre pour confirmer son origine pure vache... Une soupe de paysages ou une campagne qui sent la soupe du vague à l'âme... Rama&Soupe voyagent, migrent. À notre époque de panoramiques assistés où se nichent  Soupe&Rama ? Comme sur un promontoire de panorama, à l'ombre dans une cellule, bien rester fixe face à son écran d'ordinateur, puis surfer vers des sites d'expositions comme ContemporaryArtDaily, DailyArtFair... Magie ! Magie ! Se déroule au trackpad un white bouillon cube mondial. La nouvelle "SoupeauRamArt". Potages mon choux ! Des popotes éloignées des bonheurs du disparate.

© Adagp, Paris