Bruno Carbonnet
Dossier mis à jour — 11/09/2020

Optique/Impression

Optique/Impression, 1986-1987
Attacher de l'ombre à la lumière, enregistrer un flux de luminosité pendant plusieurs heures. Une camera obscura en face à face avec un moniteur vidéo. Matrices, surfaces découpées, zones peintes, fragments d'images s'ajustent par rapprochements.

Image insolée sur presse phototypie, 1986
Vue d'atelier, 1986
Sans titre, 1987  
Phototypies marouflées sur bois, pigments, peinture murale, ligne peinte variable, 44 x 42,5 cm
Sans titre (détail), 1987
Phototypie marouflée sur bois, pigments, résine, 122 x 60,5 cm
Sans titre, 1987
Phototypie marouflée sur bois, pigments, 44 x 42,5 cm
Camera obscura, 1987
Dispositif photographique et vidéographique en boucle

Vue de l'exposition, XIXe Biennale de São Paulo, 1987
Phototypie marouflée sur bois, pigments, peinture murale

● Texte de Catherine Strasser
Monographie de Bruno Carbonnet, éditions Hazan, Paris, 1996

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Cette composition cruciforme s'impose dans la série que Bruno Carbonnet appelle aujourd'hui le Chemin de croix, exposée intégralement dans la sélection française de la biennale de São Paulo en 1987. Une vingtaine de pièces déclinent une image matrice, résultant elle-même d'un dispositif complexe : une croix, soit la mise à plat d'une chambre noire cubique, enregistre sa propre image par l'intermédiaire d'une caméra vidéo orientée sur elle et reliée à un moniteur émettant son image. La photographie est donc le résultat sensible de la luminosité de l'écran.

Cette matrice donne ensuite lieu à un travail proche de l'icône. L'image, marouflée sur bois, parfois recadrée, est recouverte partiellement de zones peintes en matière ; parfois le châssis, lui-même découpé, emboîte des fragments d'images photographiques. Ces surfaces découpées et imbriquées produisent un espace coulissant où les recouvrements, les phénomènes de discontinuité — de l'image, de la matière — ne vont pas sans violence, violence encore activée par le rouge qui les ponctue. La stabilité de l'ensemble s'appuie littéralement sur une bande peinte à même le mur où sont accrochés les tableaux.

Si Carbonnet l'eût alors nié, la référence à Malevitch s'impose aujourd'hui. L'impact des peintures de ce dernier, montrées à plusieurs reprises à Paris, mais également celui des photographies de ses expositions qui circulent à ce moment-là ont frappé cette génération.

La multiplication des matériaux et des procédés, la complexité du dispositif initial dissous dans l'image, la diversité des références, ont ici pour fin la création d'une image énigmatique — forme de stabilisation d'un désordre. La complexité de la mise en œuvre vise la complexité de l'effet.

© Adagp, Paris