Franck Chalendard
Dossier mis à jour — 17/10/2017

Paternes

Paternes, 2013
Techniques mixtes, dimensions variables
Photos : © Cyrille Cauvet

Photos : © Cyrille Cauvet

/
La peinture de Franck Chalendard récuse la notion de style. Il est du côté du processus dans le sens où ce qui l'intéresse c'est une certaine façon d'attaquer le plan, le geste et le motif - sans hiérarchie entre chacun - afin d'étendre le champ de l'expérience picturale. Il vient de faire une série de reliefs qui déportent le tableau vers ce qui relève d'éclats volumétriques colorés dans l'espace. Dans le chaos des restes et des chutes, il cherche, par le jeu de l'assemblage et de la couleur, à créer des concentrés de formes, de gestes et de couleurs. Il y a dans ses reliefs un art de travailler avec le déchet qui n'est pas sans évoquer les combine-painting de Rauschenberg ou les Merzbild de Schwitters. Il  faut souligner deux éléments importants qui entre autre caractérisent ses reliefs : s'il travaille avec des chutes, ce sont des chutes de travaux qu'il a réalisés et n'a pas gardés. D'autre part, il sollicite des fragments de bois peints ou de cartons peints qu'il va réagencer. Ces éléments peints peuvent avoir été travaillés de plusieurs façons. Certains sont traités comme des plans colorés, de façon homogène pour les uns, en prenant en charge la gestualité du pinceau et les manques du recouvrement. Cela donne à voir à la fois le processus pictural et les impondérables chromatiques d'une énergie à l'œuvre. D'où la coexistence d'éléments délibérément hétérogènes, renvoyant à  plusieurs traditions du modernisme pictural : certains portent la marque d'une affirmation de la planéité du tableau, ou sont marqués par un  apport au geste venant par l'expressionnisme abstrait. D'autres relèvent de l'ornemental ou de l'usage du motif sur un mode presque formaliste. Certains fragments évoquent une pratique processuelle. Y sont associés des matériaux non picturaux (tissus imprimés, plaquages, fils électriques, morceaux ou baguettes de bois, etc.). Les fils liant les éléments dessinent des lignes serpentines et colorées dans l'espace. Il y a là quelque chose du bazar organisé. Il s'agit de voir ce que peut donner l'agglomération du n'importe quoi, une envie de réactiver les restes et de leur donner une chance d'être dans la rapidité de l'association. Il y a dans cette pratique une façon d'assumer l'indifférence à l'inconsistance des parties comme condition de la consistance du tout.

Philippe Cyroulnik, 2013
Catalogue de l'exposition Échappées, Galerie L'AGART, Amilly

Vue de l'exposition Échappées, Galerie L'AGART, Amilly, 2013