Vir Andres Hera
Dossier mis à jour — 13/10/2022

Talaveresco (Subtitles)

Talaveresco (Subtitles), 2013-2016
Vidéo HD, langue me'phaa et récit en sous-titres français, 7'06
 + Lire le texte d'Anna-Katharine Scheidegger


 Réalisation, montage et mixage : Vir Andres Hera
Avec : Antonia de Jesus Zeferino
Texte voix-off : Arnaud des Pallières
Assistant réalisation : Étienne Gallerand

Vue d'installation, MO.CO. Montpellier, 2015

Photo : © Jose Sales Albella

Au Mexique, l'ensemble des langues autochtones mexicaines subit une forte stigmatisation. Le tlapaneco ou me'phaa est parlé par quelques milliers de personnes, concentrées surtout dans l'état de Guerrero, elle ne possède pas d'écriture fixe. Son écriture varie d'un individu à l'autre, ce qui rend complexe toute tentative de fixer et de dompter cette langue qui refuse de disparaître.
À Tlaxcala, état dont est originaire Vir Andres Hera, il n'y a pas de minorités me'phaa à proprement parler, mais l'artiste y a rencontré Antonia de Jesus Zeferino, originaire de Tlapa, mère de trois enfants et locutrice du me'phaa. Il s'est alors intéressé à sa langue ainsi qu'au parcours d'immigration de cette femme autochtone à l'intérieur de son propre pays. 

En 2014, le réalisateur Arnaud des Pallières met à disposition une partie des rushes et des documents de son film Michael Kohlhaas (2013), afin que d'autres artistes s'en emparent. Vir Andres Hera s'approprie des dialogues du film en collaboration avec des locuteur·trice·s du me'phaa afin d'en réaliser une double traduction, du français vers l'espagnol, puis de l'espagnol vers le me'phaa. Les dialogues de Michael Kohlhaas perdent leur but premier et Vir Andres Hera se sert de la prononciation du me'phaa afin de s'attarder sur leur sonorité plutôt que sur leur sens.

Le film donne l'illusion de traduire à travers des sous-titres français ce que la voix en me'phaa énonce. La juxtaposition de ces deux voix narratrices crée une perturbation de lecture. Ces ruses empêchent aux spectateur·ice·s toute tentative de cristallisation et d'appropriation de la langue en tant qu'objet collectionnable ou anthropologique. Ce parti pris formel cherche à mettre dans un rapport horizontal les locuteur·trice·s d'une langue impérialiste comme l'est le français avec celles et ceux d'une langue subalterne comme le me'phaa. La prononciation du me'phaa rythme les mouvements de la caméra qui suit Antonia dans sa promenade à reculons, dans un monde qui se remonte.
+ Accéder au script du film - Version écrite inédite de la langue uniquement orale

Extraits du film

+ Découvrir les inspirations de l'artiste autour de l'œuvre sur le site Backdrop Atlas