Jan Kopp
Dossier mis à jour — 29/09/2020

Vidéos et films d'animation

VIDÉOS ET FILMS D'ANIMATION - 2004-2016

Les balançoires, 2011
Vidéo HD, animation, N&B, 4 min
Production : Abbaye de Maubuisson / Conseil départemental du Val-d'Oise
Avec l'aimable participation des Ateliers arrosés ; des jeunes de la Maison d'enfants de l'OpEJ, à Saint-Ouen-l'Aumône ; des élèves de la classe de seconde, option cinéma du lycée de l'Hautil et des stagiaires de l'atelier organisé à l'Abbaye de Maubuisson, en partenariat avec Écrans VO, festival "image par image".

Le point de départ de ce film d'animation est une scène de jeunes enfants en train de faire de la balançoire. Elle a été filmée par l'artiste dans le jardin de la Maison d'enfants qui jouxte l'abbaye de Maubuisson. À partir de cette scène, un travail de copie et de simplification des éléments qui composent l'image a été réalisé au cours d'un atelier de dessin avec des habitants du Val-d'Oise. Cette mise en partage de la pratique du dessin répond à la recherche formelle qu'a poursuivi l'artiste pour ce film. À l'instar du téléphone arabe, la copie du modèle de base par plusieurs mains a produit sa transformation et abouti à l'abstraction des formes qui caractérisent le point de rencontre des deux enfants dans le film et qui retrouvent leur apparence initiale au point culminent de leur éloignement.

Projection, Abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen-l'Aumône

Projection, Musée d'art contemporain de Niterói (Brésil)


Das Gebäude, 2010-2016
Vidéo HD, animation, N&B et couleur, 10 min. 49
Ce projet a reçu une aide du Centre national des arts plastiques, soutien à la recherche artistique, 2009

La vidéo montre des vues depuis un appartement Berlinois, face à un horizon urbain et nocturne, éclairé par d'innombrables spots lumineux appartenant à des chantiers. La vidéo se focalise graduellement sur un immeuble en train d'être restauré et transformé. Au sein de ses fenêtres, apparaissent des citations visuelles réactivant des souvenirs qui hantent encore l'architecture et le paysage de la ville. Elles sont associées à des images du présent, créant un trouble entre le passé et ce qui est en train d'advenir.
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The House, 2009-2010
Vidéo, animation, N&B et couleur, 4 min 30, en boucle
Production : Suspended spaces
Collections : Nouveaux Médias, Centre Pompidou ; BPS22, Musée d'art de la Province de Hainau, Charleroi, Belgique

Pour réaliser l'animation The House, Jan Kopp a redessiné une photographie qu'il a prise d'une construction en béton armé dans la partie nord de Chypre. Cette construction est restée inachevée, résidu d'un chantier non terminé, comme il en existe des centaines sur l'île mais aussi ailleurs dans le bassin méditerranéen, sans que l'on sache la raison de cet état (problèmes légaux, financiers, politiques ?), Jan Kopp s'est particulièrement intéressé à ce bâtiment inachevé "pour son architecture, à la fois banale et rappelant la silhouette d'un temple de la Grèce antique". L'animation montre d'abord un paysage, qui se résume en trois surfaces : le sol, une bande sombre représentant la mer et le ciel légèrement brumeux. Puis l'animation laisse apparaître la structure architecturale inachevée, ainsi que des personnages fantomatiques qui, par gommage, disparaissent ensuite. Accompagnée du son discret de la mer, cette lente évolution des formes, bien éloignée de la dureté de la structure géométrique en béton, introduit un regard poétique et délicat, où l'absence et la disparition semblent se jouer de ce que la présence d'une telle construction signifie dans l'économie de l'île. Car à Chypre comme ailleurs, construire c'est prendre possession du territoire. Seul le paysage demeure inchangé dans l'étrangeté de cette temporalité reconstruite. Face à ce bâtiment imposant, qui fait bloc, l'achèvement de toute action humaine planifiée et cohérente semble ici mis à mal. La présence humaine apparaît fragile, elle se défait et ne peut s'approprier aucune matière, aucune identité, ni unité.

— Charlène Dinhut, texte de l'exposition Suspended Spaces depuis Famagusta, Maison de la Culture, Amiens, 2010


Le Tourniquet, 2009
Vidéo, animation, N&B, 4 min. 48, en boucle
Production : Résidence Hauts de Rouen, École Régionale Supérieure des Arts, Rouen

Dans Le Tourniquet, film d'animation réalisé lors d'une résidence sur les Hauts de Rouen, la présence éponyme du tourniquet est centrale. Tour à tour jeu sur lequel gravitent des enfants de tous âges et de toutes origines et cadran d'horloge sommairement esquissé, il constitue l'un des lieux par lesquels le réel du quartier se transmue en allégorie. Quelques mois après la projection du film dans des commerces des Hauts de Rouen, nous exposons ici les 140 dessins ayant servi à l'élaboration de cette séquence du tourniquet. Il y a aussi ce drap volant au vent à la fenêtre d'un immeuble, réminiscence d'une scène observée quasi rituellement par Jan de la fenêtre de l'appartement résidence. Dans le contexte de ce dessin animé, le message commercial – « le droit à l'essentiel » - de la chaîne locale de supermarchés à bas prix « Le Mutant » résonne, en ces temps de misère sociale, comme une sorte d'injonction éthique. En outre, le défilement des images est porté par la ritournelle de la musique. Dans l'esprit et dans les procédures de fabrication sur calque, on retrouve une communauté avec les autres dessins animés de Jan Kopp : Mohammedia, Le projet disparu (2008), exposé au printemps dernier dans ces mêmes galeries et The house (2010). Le contenu poétique et allégorique de ces films se dégage pleinement sur la durée. Leur force visionnaire ne se livre pas à la première vision.

Mohammedia (le projet disparu), 2008
Vidéo HD, animation N&B, 1 min. 30
Production : Galerie Maisonneuve, Paris
Collection : FNAC / CNAP

Mohammedia est un film d'animation en format vidéo HD. Il s'agit d'une capture numérique de dessins au crayon papier sur calque montrant un paysage au bord de la mer. Au premier plan on voit la structure nue d'un support métallique pour un panneau publicitaire ou un projet architectural ou urbanistique. L'horizon lointain du paysage est constitué d'un ensemble urbain et industriel. La vidéo, d'une durée d'une minute et demie en boucle, montre les dessins en « zoom out », c'est à dire que l'ensemble de l'image se révèle par le recul du point de vue. Tout est figé dans l'image à l'exception d'un élément abstrait, objet indéfinissable, accroché à la structure métallique du panneau. Le film est accompagné d'une bande sonore composée d'un enregistrement du vent, d'éléments métalliques qui s'entrechoquent et de quelques simples fragments de musique.

Die Welt ist alles, was..., 2007
Installation, structure en bois (173 x 125 x 165 cm), diaporama, bande sonore
Production : Galerie Maisonneuve, Paris ; CPIF, Pontault Combault ; CRAC, Altkirch
Avec : Anton, Ulysse et Aurélien Kopp

Die Welt ist alles, was... (Le monde est tout ce...) est un cinéma miniature conçu par Jan Kopp. L'intérieur d'une boîte en bois vernis montre les images de trois enfants grimpant sur des rochers dans la forêt. Leurs voix récitent en allemand, comme une ritournelle, quelques phrases extraites du Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein. Ici, l'artiste cherche à confronter deux fabrications d'images du monde. Celle de l'enfant, qu'il invente à travers le jeu, et celle de l'adulte qui en propose une déconstruction intellectuelle.

Entretien : Jan Kopp parle de l'installation Die Welt ist alles,was... sur France Culture : La vignette, par Aude Lavigne, 2012


Im Treibhaus, 2006
Vidéo, 1 min. 12, en boucle
Collection : Neuflize Vie

L'action se déroulerait dans les rues d'Amman, en Jordanie, une querelle éclaterait sur la place Abdali parmi les étals... ainsi pourrait-on être tenté de résumer ce film, s'il n'y avait une superposition d'actions, de scènes et d'échelles qui rendent une telle tentative totalement vaine. Ces repères identifiables se brouillent peu à peu par une technique de collage. Un élément se distingue : une carriole de marchant ambulant, à valeur emblématique, qui tient autant de l'univers des forains que du petit théâtre de marionnettes. Un mouvement de caméra en surplomb nous éloigne progressivement de cet élément. Les personnages qui entrent et sortent du champ introduisent un degré de confusion des échelles encore plus grand.
Ce qui se joue autour de cette saynète apparemment "anodine" tiendrait plutôt du surgissement, de l'imagination créatrice qui jaillirait d'un collage d'éléments divers qui, pris isolément, sont propres à créer un univers fictionnel. Au nuage de fumée dans lequel les personnages se fondent parfois, aux papiers balayés par le vent, se superposent les premières notes du lieder éponyme de Wagner. Autant d'éléments qui contribuent à déjouer nos attentes et à créer une fiction improbable, une hallucination.

Quelques Mouvement cycliques, 2004
Vidéo en cinq chapitres
Production : Ateliers des Arques
Collections : Frac Alsace ; Collection publique d'art contemporain du Conseil Général de la Seine-saint-Denis

Quelques mouvements cycliques - œuvre en cinq parties réalisée à partir d'images empruntées aux habitants d'un petit village du Quercy - mêle histoires et fragments de territoires (rural, urbain, maritime...). L'œuvre est conçue tel un patchwork géographique et social où se croisent les associations et contradictions de sens (individuel/collectif ; jouer/travailler ; ordre/chaos ; manger/être mangé...).
Comme toujours, l'artiste perturbe nos repères par un travail de déconstruction et de reconstruction, tant sur les images que sur le son. Dans la partie Für Ulysses, Kopp met en scène un troupeau de moutons dont les déplacements sont chorégraphiés (à l'origine) par un chien de berger. Les moutons forment un seul corps, corps dont l'artiste rythme les mouvements par un jeu de ralentis, d'accélérés, de retours en arrière, d'arrêts sur image. Ce faisant, il crée le chaos là où régnait l'ordre. L'espace champêtre prend l'ampleur d'un champ de bataille où étoiles et croissants rouges* sont contraints à obéir et à se plier, emplis de terreur... La troupeau mû par Kopp se fait métaphore de la guerre, tel le roman de Giono Le Grand Troupeau. De même, l'artiste use de juxtapositions, d'alternances de lieux, de lenteur et d'accélérations, sans transition temporelle entre les chapitres pour placer son troupeau au centre de l'œuvre, l'entourant de saynètes anodines et hors du temps. Elles agissent comme de vieilles photos de famille dont on ne possède plus les clés de lecture (mais que l'on aime garder car elles font partie de notre histoire) : un poissonnier dépèce avec art une lotte, un enfant joue dans un jardin, un homme danse sur un quai sous le soleil... Les retours en arrière remettent le passé au présent ; la vie continue, la vie s'arrête, la vie reprend, tels "quelques mouvements cycliques".
* Les troupeaux se mélangeant dans les alpages, chaque propriétaire identifie ses bêtes par le signe distinctif peint sur leur dos.

© Adagp, Paris