Camille Llobet
Dossier mis à jour — 25/09/2023

DALLAS

DALLAS, LE 22 NOVEMBRE 1967, 2007

13 lectures synchronisées et spatialisées entre 8 haut-parleurs, 26''
Ordinateur portable, carte son, câbles, haut-parleurs

Vue de l'exposition « Après coup », Galeries Nomades IAC Villeurbanne/Rhône-Alpes, L'attrape-couleurs, Lyon, 2010

Pour « Dallas », Camille Llobet a déconstruit les 26 secondes du célèbre film d'Abraham Zapruder enregistrant l'assassinat de John F. Kennedy. Le film est fragmenté en 13 zones pour autant de personnages aperçus dans le champ de Zapruder, qu'ils soient présents dans la limousine ou sur le bord de la route. En s'appuyant sur la masse considérable de documents relatifs à l'événement, chacun des mouvements qu'ils effectuent juste après les coups de feu est décrit succinctement. Ces descriptions sont ensuite retransmises par huit haut-parleurs reliés à un ordinateur. Comme pour « Graffiti », il revient au spectateur de bouger le curseur sur l'écran pour entendre ces micro-récits, spatialisés et synchrones. Empêchant toute vision globale, on navigue à l'aveugle dans une image qu'il nous faut reconstituer mentalement, fragment par fragment, à mesure que nous parvient l'information. La pièce propose ainsi un nombre infini de combinaisons, de récits potentiels pour cet événement mille fois disséqué, réduit et recomposé par les spécialistes et les amateurs. Dans son déploiement dans l'espace, la pièce semble rejouer une scène de crime, avec ses réseaux d'indices et ses rapprochements, faisant écho à ces enquêtes obsessionnelles qui confinent à la paranoïa.

Notice de Paul Bernard dans « Camille Llobet, Monographie », éditions Adera, 2013
© Adagp, Paris