Camille Llobet
Dossier mis à jour — 25/09/2023

FAIRE LA MUSIQUE

FAIRE LA MUSIQUE, 2017

Vidéoprojection, 15'27, haut-parleurs, vidéo 4K, son stéréo

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Le décor : un grand vide de 9 mètres de hauteur et de 160 m2, l'intérieur de la pile du pont de contournement de Saint-Gervais (village de montagne) choisi pour l'occasion comme studio de tournage. Le souffle du torrent, les oiseaux qui nichent sous le pont, les quelques véhicules qui passent, la résonance du vide, donnent l'identité sonore du lieu. Au centre de l'espace, un à un, des corps s'activent : ils ferment les yeux, se concentrent, exécutent une gestuelle singulière puis se réveillent. Ce sont des athlètes de différentes disciplines sportives qui procèdent à la répétition mentale de leurs parcours.
Selon le principe des neurones miroirs, on émet l'hypothèse qu'imaginer une action active plus ou moins les mêmes zones cérébrales que de réaliser physiquement cette action. C'est ce qui incite les sportifs à jouer avec la plasticité de leur cerveau par l'entraînement mental de gestes extraordinaires pour tendre vers des automatismes aussi ordinaires que de mettre un pied devant l'autre ou réagir à un danger.
Escalade, ski, rallye automobile, bobsleigh, saut à la perche, voltige aérienne... chaque athlète a été précisément choisi pour sa pratique spécifique de l'entraînement mental et la complexité du décor dans lequel il évolue. Qu'il s'agisse de passer une chute d'eau de 12 mètres en kayak, de procéder à des sauts périlleux à ski sur les rebords d'un mur de neige de 7 mètres (half-pipe) ou de planer dans une combinaison ergonomique du sommet d'une montagne jusqu'au bas d'une vallée (wingsuit), il y a un écart burlesque entre ce qui se joue dans la tête de ces corps en eux-mêmes et leurs gestiques singulières dans ce grand vide de béton.
Leur qualité de concentration quasi hypnotique, leur expressivité inconsciente, les bruits de leur respiration, leurs gestes réduits au stade de l'ébauche, révèlent une chorégraphie de la pensée. Le titre est emprunté aux pilotes de la Patrouille de France qui nomment cet exercice « faire la musique », évoquant l'idée de ritournelle et de partition.
Trois écrans suspendus, placés dans une sorte de triangle éclaté, présentent trois bouches en gros plan. Des visages sans regard, comme si leur portrait avait été décentré au niveau de la bouche. Trois danseuses, contraintes dans une position face caméra, exécutent une diversité de mouvements jouant sur l'effort, l'équilibre, la gravité, le rythme, l'amplitude, pendant que la caméra essaie de suivre leurs bouches. On assiste aux mouvements involontaires de trois bouches muettes, échappant à la maîtrise de la chorégraphie, trahissant la concentration et la personnalité des danseuses. Le titre fait référence au trouble neurologique « Chorée de Sydenham » provoquant des mouvements involontaires anormaux et incontrôlables, aussi appelé « Danse de Saint-Guy ».

Avec
Camille Cabrol, Mathieu Collet, Loïc Costerg, Vincent Descols, Romain Desgranges, Jérôme Grosset-Janin, Mathéo Jacquemoud, Anouck Jaubert, Oliver Marich, Marie Martinod, Lou Pallandre, Stéphane Pion, Thomas Roch-Dupland

Collection
Institut d'art Contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes

Réalisation, montage et son
Camille Llobet

Image
Mathilde Fiet

Étalonnage
Théo Delarche

Graphisme
Huz & Bosshard

Production
Camille Llobet

Projet soutenu par
Ville de Thonon-les-Bains
Ville de Saint-Gervais-les-Bains

© Adagp, Paris