Richard Monnier
Dossier mis à jour — 16/09/2012

La pente

La pente
Aise, Sgraffite, n° 7/8, 1981

Raide pour l'esclave, signe pour l'égyptologue, la pente des pyramides taillée dans la pierre, devait éterniser le séjour des pharaons.
De la cohésion naturelle mais restreinte du monolithe à la cohésion illimitée mais laborieuse de la construction, dure l'espoir de lier l'idée de permanence avec l'insistance de la pierre.

Faire de l'éternité le parement de la pierre ?
Beau souci vain :
Le poète n'était pas encore né qui aujourd'hui nous signale
« ...la pierre ne se reformant pas dans la nature, elle est en réalité la seule chose qui y meure constamment. »

Imhotep n'était-il pas secrètement convaincu, concevant les premiers degrés de la pyramide qu'il préparait, plus qu'une éternelle demeure, l'éclosion d'une de ces fleurs du Nil, immortelle entre toutes, l'apothème ?

La raison du géomètre : le plan.
Je veux partager cette ingénuité qui dénue de sens la pente.
Même vue d'en bas, je n'y vois pas qu'une ascension
(manque d'ambition ?)
pour la glissade, je n'en vois pas de mauvaises
(manque de jugement ?)
 
Probité de l'instable séance tenant.
Pour délester la pente du labeur de la taille, le sable meuble en confie la reproduction à l'invariable rigueur de la gravité de son grain
grave mémoire.

Richard Monnier, 1981