Guillaume Robert
Dossier mis à jour — 19/12/2022

Global Garden

GLOBAL GARDEN / 2004-2008
ou les jardiniers suspendus

Dans Global garden ou les jardiniers suspendus, chaque vidéo a pour titre le nom d'un personnage et se présente comme le fragment d'une narration globale. Ce script général demeure ouvert et ne se dévoile qu'en filigrane. Il se présente sous la forme d'un planisphère qui lie en un maillage narratif unique le Moyen-Orient, l'Europe et l'Ouest des Etats-Unis.

Le script ne détermine pas une voie figée pour les vidéos futures mais indique des sortes de nœuds (dates, lieux, personnages) destinés à produire un texte, des images ou du son. La vocation essentielle de Global garden ou les jardiniers suspendus est d'offrir un cadre et un moteur à la création de vidéos. Un cadre qui se voit, à chaque nouvelle création, enrichi par la rencontre avec un territoire spécifique et restreint (île de Groix, Rueil-Malmaison, St-Jacques de la Lande...).

Chaque vidéo saisit des instants du cheminement des personnages tout en développant sa propre autonomie formelle. Neuf personnages traversent le projet. Ran, Clarisse, Kia, Simon et Asdiss sont nés entre 1973 et 1977. On les voit évoluer dans les années 2000. Ils naviguent dans un monde incertain, côtoient le réel plutôt que d'y prendre activement part. Ils se croisent, parfois se cherchent, mais toute idée de destination demeure en suspens. Il leur arrive de rencontrer Nergal, Marduk ou Enlil (des dieux sumériens en errance) ou encore Clarence, prince amorrite né à Babylone. Semblant doués du don d'ubiquïté, tous habitent l'espace, les villes, les paysages dans un sentiment d'incompréhension attentive.

Cartographie qui recense dans le temps et l'espace les déplacements des neuf figures du projet
Réalisée en collaboration avec Amala Hély
Collection particulière

Kia, 2006

Vidéo, 10'38
Avec Yasmine Youcef, Christophe Dréano et Benoit Gasnier
Cette vidéo a été produite en résidence à l'École supérieure d'arts de Rueil-Malmaison
Extrait - 2'39

La vidéo Kia se déploie à partir d'un motif : le parc de l'impératrice Joséphine à Rueil-Malmaison. L'interprète de Kia compose une figure hybride, se référant à Napoléon Bonaparte, à l'impératrice Joséphine, à Joséphine Baker... La vidéo convoque, dans un registre théâtral dont la narration aurait été raffinée jusqu'à sa quasi-dissolution, les empires (guerre napoléonienne, colonie), l'exil, la fuite impossible, la chute (de membres, de corps, et de bananes).

Kia se construit par accumulation de séquences et de sources hétérogènes, jouant des contrastes afin de proposer un objet dont l'intention paraît irrésolue et pourtant concentrée. Le jeu formel (texte animé, voix-off, animation bricolée, long plan fixe, montage rapide), la multiplication des sources (correspondance de Napoléon Bonaparte, chanson de J. Baker, Titi et Khomeiny, musique de Schöenberg, imagerie populaire du début du 20e siècle, appel à la prière d'Husayn Al'Azami, conférence féministe, sample d'Halloween de John Carpenter, sons captés en Inde ou au Vietnam...) induisent un continuum chaotique dont les intensités contradictoires surgissent, se coupent, se chevauchent, s'étirent ou se déposent.

Nergal, 2006

Vidéo, 17'40
Avec Rodolphe Blanchet et Christophe Dréano
Post-production : école supérieure d'arts de Rueil-Malmaison (programme de résidence Synapse)
Extrait 7'13

"Nergal : du sumérien "nè.eri.gal", signifie l'"Autorité de la Grande-Ville" autrement dit "de l'Enfer". Cette vidéo a été tournée à la fin du printemps 2005 à la périphérie d'une ville européenne. Un petit aéroport international, un golf, une caserne militaire sont implantés sur ce territoire. Depuis une dizaine d'années, la topographie mute, une ville surgit, couvrant les marais et les champs. Nergal et Ran habitent ici le seuil de cette cité.

Des extraits de textes, parfois de simples éclats, émergent ou se dissolvent dans une bande-son qui mêle prises directes et samples musicaux. Ces textes proviennent de deux ouvrages, Voyages d'Ibn Batuta et L'Epopée de Gilgamesh. Au 14ème siècle, Ibn Batuta, originaire du Maghreb, a parcouru pendant trente ans l'ensemble du monde islamique. Il découvre une Bagdad détruite par la guerre. L'Epopée de Gilgamesh (-3500 av. J.C.) écrit entre autres choses l'amitié de deux héros, écrit aussi Uruk, la première des villes.

Si des sources littéraires hétérogènes se croisent ainsi (on peut également entendre un extrait d'un clip publicitaire pour The Palm vantant les atours d'îlots artificiels construits sur la côte de Dubaï), Nergal est aussi traversé par une culture visuelle nourrie d'histoire contemporaine, du cinéma et de l'art.

Ce travail vidéographique, où viennent s'entrelacer des espaces géographiques, temporels, symboliques et intimes, offre à l'imaginaire une étendue. Une étendue à investir à partir des contours elliptiques des narrations ainsi que des visions élégiaques et fragiles qui sont à l'oeuvre."

Yvane Chapuis, 2006

Asdiss, 2004
Vidéo, 21'
Avec Nadège Renard, Yann Véro et Christophe Dréano
Texte : Guillaume Robert et Amala Hély
Extrait - 7'05

Dans Asdiss, trois personnages s'incarnent : Clarence, Ran et Asdiss ; c'est à peine s'ils se rencontrent, s'ils se frôlent. Chacun paraît douter de la réalité de l'autre, des présences en suspension. Ils semblent posséder une logique propre et singulière qui les fait se manquer, évoluer sur des plans parallèles, étrangers les uns aux autres.

Asdiss peint une matérialité dense (sons, images, grain vidéo) et pourtant fantasmatique, mentale, évidée. La tension qui baigne l'ensemble demeure irrésolue. Le texte animé raconte une journée d'Asdiss à Los Angeles. Elle recherche Ran qui a disparu. Malgré, ou peut-être à cause de cette absence, le monde d'Asdiss est alors plus concret, tangible même si toujours est possible la bascule vers le vertige ou l'hallucination.

Clarisse under the weather, 2005

Impressions 80 x 80 cm & 60 x 60 cm
Réalisées en collaboration avec Amala Hély
Détails

Clarisse under the weather se compose de deux impressions sur papier. Ces impressions récapitulent la manie fictionnelle de Clarisse : noter chaque jour l'activité sismique, la température minimale et maximale, la pluviométrie de Los Angeles. Sur ces deux planches sont consignées les données du 3 décembre 1998 au 19 juin 2004. La date médiane est le 11 septembre 2001.

GLOBAL GARDEN

Partenaires
Galerie 40m3, Rennes, Anachronismes et autres manipulations spatio-temporelles, exposition, 2008
Cinéma d'art et essai L'Entrepôt, Paris, projection, 2008
La Brigade des images, Florence, Paris, Créteil, projections, 2007-2008
Galerie Maisonneuve, Paris, exposition, 2006
Ecole d'Art de Rueil-Malmaison, résidence, 2006
L'Aire Libre, St-Jacques-de-la-Lande, Carte blanche à Théâtre à l'envers, exposition, résidence, 2005