Guillaume Robert
Dossier mis à jour — 19/12/2022

Note d'intention

Note d'intention
Guillaume Robert, 2011

La présente note explicite l'usage que je propose des technologies numériques dans le projet La paupière, le seuil.

La paupière, le seuil propose une dialectique entre un usage expérimental des technologies numériques et la présence brute du réel. Le principe de mise en abîme de la représentation via le processus de tournage vidéographique n'est pas une fin en soi mais il constitue un outil permettant le déploiement d'un voyage numérique à partir du réel présent.

Cet usage de la technologie permet de nettoyer le réel à force de le virtualiser par représentations successives, un réel qui peut finalement ressurgir à nu, neuf. Les stratégies de représentations (vidéographiques et sonores) conduisent vers une épiphanie immanente du silence et de la dissolution de la représentation. Ce sont les processus à l'œuvre, la singularité des usages des technologies numériques qui constituent l'épaisseur dramaturgique du projet.

Le travail de tournage et de diffusion utilise une chaîne de production haute définition afin que le glissement entre le réel et la représentation puisse se faire de la façon la plus nuancée. Il existe là une recherche mimétique : construire des espaces miroirs qui provoquent une confusion des niveaux de représentation. La qualité vidéographique permet également de mettre en place finement les zooms numériques travaillés entre chaque tournage dans les étapes de post-production quotidienne. Ces mouvements filmiques concourent au vertige perceptif, à la lenteur hypnotique des métamorphoses de l'espace filmique.

L'espace sonore travaille en analogie avec ces principes, proposant glissements et distorsions à partir d'un enregistrement brut d'un événement sonore au sein de l'espace d'exposition. Le modelage et la spatialisation du son s'élabore sous MAX MSP sur les seize enceintes construisant la double octophonie. Il s'agit, à l'image du dispositif vidéographique, davantage d'agir sur l'espace même, sur ses virtualités acoustiques, que sur une qualité directement musicale.

Les singularités technologiques du projet composent donc des outils plus sculpturaux qu'"audiovisuels". Ils sont mis au service de la transformation fluide et incessante de l'espace pour qu'in fine la révélation de l'espace brut puisse faire événement.