Marion Robin
Dossier mis à jour — 01/02/2022

Entretien inversé

Entretien inversé
Avec Marie-Étoile d'Hendencourt
Le 7 mai 2015, chapelle Sainte-Tréphine, Pontivy

Marie-Étoile d'Hendecourt est chargée de la médiation pour l'Art dans les chapelles. Depuis 2011, elle réalise la majeure partie des entretiens avec les artistes invités, publiés sur le site de l'Art dans les chapelles et diffusés sur Radio Bro Gwened. À l'occasion de la publication du catalogue de l'Art dans les Chapelle, 24ème édition, elle a accepté à son tour de répondre à mes questions. Voici un extrait de cet échange :

Marion Robin : Je viens d'installer une proposition in situ en lien avec la chapelle Sainte-Tréphine et le plafond peint par Jean-Baptiste Le Corre et sa femme, peux-tu me dire ce que tu vois ?

Marie-Étoile d'Hendecourt : Ce que je vois en entrant dans la chapelle, c'est la couleur. Cette couleur rouge-terre de sienne qui s'écoule au sol de manière assez structurée en libérant des espaces dans lesquels on a envie de s'engouffrer. C'est comme un jardin. On avance en regardant et on fait le lien. On relie les formes entre elles, puis on étudie le sol et peut-être enfin on comprend le dessin qui se crée sur le sol de la chapelle, à l'aplomb de celui du plafond.

Marion Robin : La couleur est effectivement très importante dans ce projet, elle est à l'origine de tous les choix. As-tu le sentiment que malgré la relation au plafond, la couleur et les formes obtenues puissent gagner leur autonomie ?

Marie-Étoile d'Hendecourt : Oui et non... Toutes les formes sont peintes de la même couleur, ça crée une entité. On pourrait imaginer que la couleur a sa propre vie. Elle se glisse d'elle-même et d'emblée, mais on ne peut pas faire abstraction de ce qui nous entoure.
Le plafond est assez bas, on l'englobe naturellement dans le champ de vision, la couleur reste connectée au lieu dans lequel elle s'inscrit. Le sol est extrêmement présent dans cette chapelle. Tu as fait le choix d'un linoléum fin et souple, qui fixé au schiste, donne l'impression d'épouser les interstices du dallage, mais aussi les dessins propres à la pierre, qui sont arrivés avec le temps. Il y a la surprise de voir des formes s'ajouter à d'autres formes qui existent déjà. On imagine que la couleur vient du plafond qui l'aurait teinté et qu'elle coule dans ces formes étonnantes et belles. Comme de l'eau, elle vient s'y lover.