Mengzhi Zheng
Dossier mis à jour — 03/01/2024

Marcher dans le rêve d'un autre

Marcher dans le rêve d'un autre, 2017-2018

Vues de la Biennale d'Architecture d'Orléans, Frac Centre-Val de Loire, Orléans
Commissariat : Abdelkader Damani et Luca Galofaro
Photos : © Blaise Adilon

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Inhabitats, 2018

Exposition individuelle, restitution d'une résidence de trois mois au CHD Daumézon, Fleury-Les-Aubrais, dans le cadre de la Biennale d'Architecture d'Orléans, Marcher dans le rêve d'un autre, en partenariat avec le Frac Centre-Val de Loire, Orléans

3 espaces, 2 lieux : Espace Torrubia, CHD Daumézon, Fleury-les-Aubrais ; Colombier, Orléans

"Chacun de mes séjours au CHD m'a permis d'aborder ce lieu et son fonctionnement avec un regard différent. J'y ai fait de multiples rencontres précieuses qui m'ont aidé dans les choix plastiques effectués au cours des semaines de résidence. L'élément majeur a sans doute été l'ensemble des bâtiments du CHD, ses dessins si singuliers, son articulation avec le territoire, sa situation géographique en limite de la ville d'Orléans, à Fleury-les-Aubrais. Il y a les corps administratif et technique qui façonnent l'espace et semblent veiller sur ce petit monde. La présence du corps médical, constamment au contact des malades, les accompagne et les guide au quotidien. Le tout constitue un « méta-corps » en échange constant.
J'ai tenté d'instaurer un dialogue à mon niveau. Très rapidement, je me suis retrouvé en immersion silencieuse. Dans ce contexte particulier et unique, j'ai poursuivi mes recherches sur l'espace. Si je n'avais pas de projet défini à l'avance, c'est que je pressentais que durant le séjour les choses viendraient à moi et parviendraient à se déployer. Je savais qu'une bonne compréhension de l'endroit était nécessaire à l'établissement du dialogue que j'entendais conduire. Instinctivement, j'ai commencé par poursuivre mon travail sur les « maquettes abandonnées », comme si, pour me rassurer, j'avais besoin de me saisir de l'espace au moyen d'architectures mentales. J'ai donc poursuivi cette série de sculptures en suivant le protocole désormais bien établi. Il importe de remarquer qu'elles n'ont pas vocation à être reproduites à une autre échelle. Je travaille sans faire de croquis préalable. Je les monte façon mikado car les matériaux sont facilement manipulables. Je n'utilise qu'une paire de ciseaux, un cutter et de la colle. Chaque maquette est la transcription à l'instant T des tensions spatio-temporelles et palpables dont est chargé le lieu où je me trouve en train de travailler.
Dans ce « ventre architectural », la couleur m'a semblé timide, sa présence presque muette. À certains moments, plus calmes, je suis revenu à une pratique que j'avais mise de coté, celle du dessin sur papier et cela au quotidien. Des formes et des couleurs se sont ainsi déployées sur des feuilles volantes. Ces dessins semblent inachevés, mais rapportés à l'aune de mes sculptures et maquettes, ils sont bien achevés. Ces assemblages d'éléments porteurs de tensions structurelles et colorées échappent à toute logique constructible. L'esprit vagabonde, la main transcrit.
Aux Colombiers, ces amas de fragments dépliés sont projetés et accrochés aux murs et regardent les 4 « inhabitats » blancs, qui eux sont positionnés au centre de la pièce et forment un rang. Ces sculptures appelées « inarchitectures » sont des maquettes qui restent non habitables et dont l'existence réelle n'est signalée que par leur représentation. Elles sont à l'image des structures mentales à la fois précaires, évanescentes et non-palpables. Le corps immatériel prend finalement ici une forme subjective traversée par le balancement constant entre pleins et vides, dans un soucis d'équilibre." Mengzhi Zheng

+ Lire le texte de présentation, Frac Centre-Val de Loire

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© Adagp, Paris