Mengzhi Zheng
Dossier mis à jour — 03/01/2024

LE RÊVE DE L'INHABITÉ

LE RÊVE DE L'INHABITÉ...
Notes de Mengzhi Zheng, Monflanquin, 28 février 2020

... est celui d'habiter à chaque fois qu'il est possible ses instants.
Ah ce présent ! Cette fabrique de souvenirs...
L'inhabité ne peut en faire partie. Il est toujours ailleurs, souvent à l'étage du dessus et jamais loin de la cave. Est-ce vrai ?

Rêver n'est pas interdit ici.

Trouvez votre espace et habitez là, le temps d'un instant. Voyez-vous la traversée de vos yeux ? Projetez-vous à l'intérieur pour en sortir très vite. Ne vous y arrêtez pas. Sautez d'une échelle à une autre sans retenue, furtivement. Captez le dessin - chaque esquisse dans son ensemble. Laissez-vous guider par l'air sous vos pieds.

Fabriquez votre dessin à partir du mien, à partir d'abris.

Cette exposition personnelle A Mi-lieux arrête pour un temps mes recherches. Mes petites histoires que je me raconte sont maintenant les vôtres.

Elle se compose d'un ensemble de travaux qui forme un tout. Je parle étrangement d'espaces qui s'apparentent à de possibles constructions. Leurs logiques constructives s'échappent de mon réel palpable, de nos réalités urbaines.

Dans cette première salle, au mur, des nuages noirs forment des marches sur lesquelles sont simplement posés mes dessins avec délicatesse. Formées de bric et de broc, ces Maquettes abandonnées sont comme tombées du ciel. Chaque élément qui compose ces constructions trouve naturellement sa place et s'agrippe à l'élément précédent sans jamais toucher le sol. L'élément suivant s'accole au précédent, et ainsi de suite. Le dessin se monte sous mes yeux et forme ces maquettes forgées par le vide et le vent. Fragiles et précaires mais toujours sur pieds.

Au centre de la pièce se trouve une grande sculpture, Milieu, plus frontale, elle se tient debout face à nous. Comme taillée sur mesure pour ces lieux, elle a belle allure : venez confronter vos convictions face aux miennes. Elle nous regarde, vous jauge et finalement, elle a cet élégance de vous inviter du coin de l'œil à rentrer dans l'antre éclairée qui vous appelle.

L'autre salle. Vous découvrirez des souvenirs gravés aux murs, au fond de la pièce. Des images rêvées dont j'ai eu peine à croire l'existence lorsqu'elles sont apparues à moi lors d'un voyage en voiture. Une seconde quête en direction de notre Est européen. Ces objets construits qui défilèrent trop vite sur mon chemin. Ce n'était pas un rêve. Et on y habite bien dans ces Kuća (2018) sans voisinage, littéralement maison en bosniaque.

Mais avant d'aller là-bas, devant nous comme servis sur un grand plateau, découvrez des Petites Chutes. De toute petites formes compactes et hermétiques mais aux ouvertures multiples. Ce sont mes carnets de notes. On n'y rentre pas mais on en sort volontiers à tout moment. Entremêlées à elles et de tailles plus imposantes, quelques Contextures observent et veillent à ce que chacun s'y ballade en silence et en confiance au travers des cheminements invisibles de cette petite toile.

© Adagp, Paris